Canal+ et beIN SPORTS veulent s’allier : la recomposition est en marche, Mediapro et RMC Sport dos au mur

C’est l’annonce surprise de ce lundi de décembre, un double cadeau de Noël en avance pour la chaine cryptée. Seulement quelques jours après le très spectaculaire dénouement de l’attribution de la Ligue des Champions, Canal+ et beIN SPORTS, les grands gagnants de la consultation menée par l’UEFA, annoncent un projet commun mêlant distribution et rétrocession de droits aux conséquences multiples.
On savait que les accords de distribution de beIN SPORTS arrivaient à terme à l’été 2020, comme tous les 4 ans depuis l’apparition de la chaine dans le paysage français. On savait que le modèle à 4 opérateurs principaux de diffusion sportive n’était pas viable. Mais la première concentration annoncée a eu le mérite de surprendre.
En effet, Canal+ a annoncé entrer en négociations exclusives avec beIN Media Group pour distribuer la chaine beIN SPORTS en exclusivité à compter du 1er Juin 2020 et ce pour une durée de 5 années renouvelable. Dans le cadre de cet accord, la chaine cryptée récupèrerait une sous licence exclusive des droits de la Ligue 1 obtenus par beIN SPORTS l’an passé pour la période 2020-2024, avec deux rencontres par journée de championnat, alors que Canal+ était jusqu’à présent bredouille.
Changements d’habitudes pour la Ligue 1
La chaine cryptée est définitivement de retour sur le marché de acquisition et l’édition de contenus sportifs, avec deux matchs de Ligue 1 en exclusivité. Même si les abonnés devront faire sans l’affiche du Dimanche soir et ses matchs de gala (Le Top 10 comprenant notamment les Classique OM/PSG, Olympico, Lyon/PSG ou Lyon/Saint-Étienne est détenu par Mediapro), la chaine s’en sort convenablement avec deux nouvelles cases horaires : le samedi 21h, à la place du traditionnel multiplex et le dimanche 17h, une case exploitée jusqu’en 2012 par le diffuseur historique de l’épreuve.
Ce match sera désormais dans la foulée du nouveau multiplex, mais le Canal Football Club qui débriefera la partie ne pourra pas forcément proposer de longs résumés en images des autres nombreuses rencontres du jour, puisque le lot magazine à cet horaire est détenu par Mediapro.
Contre 330M€ payés à beIN, Canal bénéficiera surtout d’un premier choix lors de 28 journées de championnat, pour diffuser notamment des rencontres du PSG, de Lyon ou de Marseille. Lors de 10 autres, autrement dit celles du Top 10 pour Mediapro, ce ne sera qu’un choix 3 dont disposera la chaine cryptée. En complément, elle proposera le 4e choix de chaque journée.

Avec les changements dans la composition des journées, il conviendra de voir in concreto si ces choix s’avèrent de bonne facture pour les abonnés à la chaine cryptée. Chaine qui devra d’ailleurs adapter ses cases horaires du Top 14 et de la D1 féminine à ces évolutions, tout en prenant en compte les affiches de Premier League. Il est à noter enfin que l’on ne connait pas la destinée du lot contenant les magazines en semaine, annoncé partagé pour quelques millions d’euros entre beIN SPORTS et Mediapro par L’Équipe il y a quelques mois.
Une distribution-acquisition de beIN ?
Au sujet de l’accord de distribution exclusive, si il semble finalisé, il conviendra de veiller à ce que toutes les étapes soient confirmées jusqu’à validation de cette nouveauté. En 2016, un accord semblable avait été retoqué par l’autorité de la concurrence (ADLC), cette dernière ayant alors opposé les obligations imposées au groupe Canal en 2012 suite au non respect d’engagements pris lors de la fusion avec TPS dans le courant des années 2000. Entre temps, la chaine cryptée a renégocié à la baisse ces obligations et surtout la durée de la prolongation. Celles-ci expireront définitivement… à la fin 2019.
Autrement dit, Canal+ aura en juin les mains libres et pourrait absorber intégralement beIN SPORTS au sein de ses offres, notamment à destination des FAI (Orange, SFR, Bouygues, Free), qui ne devraient plus disposer des données sur leurs clients abonnés à la chaine, mais surtout pourraient ne plus proposer l’offre sans engagement à 15€/mois.
Canal+ va en effet pouvoir déterminer selon les termes négociés du nouveau contrat si la chaine beIN SPORTS sera commercialisée seule ou si il faudra dorénavant posséder tout ou partie des chaines Canal+ pour accéder à l’offre sportive intégrale. A noter cependant que l’ADLC dispose toujours de la possibilité de sanctionner les pratiques anticoncurrentielles comme la constitution d’un monopole. Mais en présence d’un acteur fort en face tel que Mediapro, il faudra au régulateur des arguments solides pour contrer cette alliance annoncée.
A noter enfin que cela devrait sonner le glas de la plateforme beIN SPORTS Connect qui propose jusqu’à présent la chaine en auto-distribution. Cela devrait se concrétiser avec un non-renouvellement progressif des abonnements à compter de juin prochain ou un basculement du parc d’abonnés sur la plateforme myCanal selon les hypothèses les plus envisageables qui n’ont pas à l’heure actuelle été évoquées par les parties.
Mediapro n’a plus d’acheteurs pour limiter le coût des droits.
Mediapro justement, voit sa marge de manœuvre diminuer. En effet, dans l’hypothèse où le groupe espagnol de Jaume Roures espérait secrètement, en dépit des affirmations publiques de son charismatique patron, faire de la revente de droits (avec plus-value), sa stratégie a du plomb dans l’aile. Les deux acheteurs potentiels viennent ici de faire affaire et le montage économique leur est plutôt favorable.
D’un côté, Canal+ paye actuellement 540M€ par an pour la Ligue 1. la chaine cryptée réduira cette facture de 210M€ l’an prochain, pour y ajouter la valeur de la Ligue des Champions de retour en 2021 (310M€ selon les chiffres de L’Équipe). Les meubles sont sauvés et les couts sont globalement maitrisés.
De l’autre, beIN réalise une très importante économie qui semble marquer la redirection de son modèle vers une forte limitation des investissements au point de consentir à ne plus diffuser le PSG en compétition officielle. Il y aura avec certitudes jusqu’en 2024 la Ligue 2 (60M€ au total, soit entre 40 et 50M€/an à la charge de beIN), la Ligue des Champions à compter de 2021 (60M€/an), les championnats européens jusqu’en 2021 (une cinquantaine de millions d’euros au total dont 30M€ rien que pour la Liga) et le Mondial 2022 (60M€).
Soit un cout de grille moyen en achats sportifs pour les saisons 2020 à 2024 s’élevant pour l’heure autour de 150M€ par saison. Une valeur nettement en baisse, qui ne devrait pas dépasser les 250M€ si tous les droits arrivant bientôt à échéance venaient à être renouvelés et qui fait entrer la chaine dans une phase stratégique économiquement raisonnable à l’heure de contracter auprès de Canal+.
Difficile donc de voir l’un ou l’autre des deux acteurs récupérer pour près de 800M€ de droits arrogés par Mediapro, surtout avec des prix d’entrée débutant à 190M€ pour le lot de Ligue 1 le moins cher. Il faudra donc que le projet de chaine prenne forme pour ne pas que la Ligue 1 se retrouve perdue et lésée cet été.
La distribution et le prix, éléments déterminants du modèle économique de Mediapro.
La nouvelle chaine de Mediapro, c’est désormais certain, dépensera entre 800 et 900M€ chaque saison pour exister, et proposer dès septembre la quasi intégralité du football français. Reste à savoir si la base d’abonnés sera suffisante pour rapporter autant d’argent, alors que Canal+ s’est réarmé pour conserver des fidèles dont on annonçait la fuite et dont une partie du pouvoir d’achat était promise à Mediapro.
Les FAI se feront un plaisir d’accueillir la nouvelle chaine de la Ligue 1, c’est une certitude. Cependant, les fans devront accepter ce nouvel acteur sans la promesse de Ligue des Champions et à un prix qui sera bien moins agressif que les 15€ mensuels sans engagement de beIN SPORTS qui ont fait son succès (11€ au lancement pour une offre variée).
Les 4 millions d’abonnés permanents à 25€/mois nécessaires pour arriver au seuil des bénéfices vont être encore plus compliqués à obtenir, même si la quantité de rencontres (16 ou 17 chaque week-end) apportera son lot de fidèles. A condition que le prix ne soit pas jugé dissuasif au point d’inciter les fans à privilégier d’autres façons plus économiques de voir les matchs.
Mais les deux précédents beIN SPORTS et RMC Sport montrent à quel point il est délicat de conquérir des abonnés sur notre marché, que ce soit avec un produit premium unique (RMC Sport en serait à 2 millions d’abonnés) ou avec une offre étoffée au prix d’appel extraordinairement agressif (beIN SPORTS n’a obtenu 4 millions d’abonnés qu’après 6 ans d’existence à l’occasion du mondial 2018 et ce temporairement).
L’accord de distribution à conclure avec Canal+ sera essentiel pour la réussite économique et populaire du projet, et pourrait définitivement dessiner les contours de l’offre globale proposée aux français dans 9 mois. La chaine cryptée aborde désormais les négociations en position de force, tant elle a su se rendre indispensable auprès des deux concurrents précédemment cités.
Même si la distribution s’avère large en définitive, gare à l’accident, tant le montant de la promesse faite par Mediapro au football français est important, qui plus est pour un nouvel entrant. Et l’on ne sait pas si il consentira à subir des pertes importantes sur les 4 années du contrat, ou ne serais-ce qu’à les envisager.
RMC Sport, gloire et décadence ?
Pendant ce temps chez RMC Sport, difficile de savoir ce qu’envisagent les dirigeants d’une chaine pour qui les droits de la Ligue des Champions constitueraient presque un fardeau. Après n’avoir pas candidaté en 2018 pour la Ligue 1, le groupe Altice a brillé par son absence au moment de remettre en jeu ses droits UEFA. On se demande même si une proposition financière a été réalisée. Et on se demande surtout quel avenir aura cette chaine dont une grande partie des droits expirent dans les 18 mois. (Basket français l’été prochain, Coupes UEFA en 2021 et Premier League en 2022)
Plusieurs solutions existent. La plus radicale consisterait à arrêter les frais dès 2020, en cédant les derniers droits dans l’escarcelle du groupe pour limiter les pertes. Cela représenterait cependant un véritable échec en terme d’image. Cela serait très peu valorisant pour le groupe, qui perdrait dans le même temps les bénéfices structurels que représentent les nouveaux locaux et studios, avec notamment le travail réalisé autour de la production des émissions radios de RMC.
D’où l’éventualité de conserver la marque avec une diminution progressive des coûts pour tenter de retrouver en 2022 l’équilibre économique de Ma Chaine Sport, le valeureux ancêtre. Le groupe conserverait sa marque, ses émissions provenant de la radio et les économies permises notamment auprès des abonnés à SFR. Une ultime option consisterait à voir la chaine cesser d’émettre à l’issue de ses derniers grands contrats. A moins que l’ambition de l’actionnaire revienne ou que cette chaine et ses derniers actifs viennent à intéresser un acteur extérieur, comme Canal+ ou Mediapro. Le jeu demeure plus ouvert que jamais et l’on ne sait pas d’où proviendra la deuxième partie de la solution.
https://www.mediasportif.fr/2019/12/...rt-dos-au-mur/

C’est l’annonce surprise de ce lundi de décembre, un double cadeau de Noël en avance pour la chaine cryptée. Seulement quelques jours après le très spectaculaire dénouement de l’attribution de la Ligue des Champions, Canal+ et beIN SPORTS, les grands gagnants de la consultation menée par l’UEFA, annoncent un projet commun mêlant distribution et rétrocession de droits aux conséquences multiples.
On savait que les accords de distribution de beIN SPORTS arrivaient à terme à l’été 2020, comme tous les 4 ans depuis l’apparition de la chaine dans le paysage français. On savait que le modèle à 4 opérateurs principaux de diffusion sportive n’était pas viable. Mais la première concentration annoncée a eu le mérite de surprendre.
En effet, Canal+ a annoncé entrer en négociations exclusives avec beIN Media Group pour distribuer la chaine beIN SPORTS en exclusivité à compter du 1er Juin 2020 et ce pour une durée de 5 années renouvelable. Dans le cadre de cet accord, la chaine cryptée récupèrerait une sous licence exclusive des droits de la Ligue 1 obtenus par beIN SPORTS l’an passé pour la période 2020-2024, avec deux rencontres par journée de championnat, alors que Canal+ était jusqu’à présent bredouille.
Changements d’habitudes pour la Ligue 1
La chaine cryptée est définitivement de retour sur le marché de acquisition et l’édition de contenus sportifs, avec deux matchs de Ligue 1 en exclusivité. Même si les abonnés devront faire sans l’affiche du Dimanche soir et ses matchs de gala (Le Top 10 comprenant notamment les Classique OM/PSG, Olympico, Lyon/PSG ou Lyon/Saint-Étienne est détenu par Mediapro), la chaine s’en sort convenablement avec deux nouvelles cases horaires : le samedi 21h, à la place du traditionnel multiplex et le dimanche 17h, une case exploitée jusqu’en 2012 par le diffuseur historique de l’épreuve.
Ce match sera désormais dans la foulée du nouveau multiplex, mais le Canal Football Club qui débriefera la partie ne pourra pas forcément proposer de longs résumés en images des autres nombreuses rencontres du jour, puisque le lot magazine à cet horaire est détenu par Mediapro.
Contre 330M€ payés à beIN, Canal bénéficiera surtout d’un premier choix lors de 28 journées de championnat, pour diffuser notamment des rencontres du PSG, de Lyon ou de Marseille. Lors de 10 autres, autrement dit celles du Top 10 pour Mediapro, ce ne sera qu’un choix 3 dont disposera la chaine cryptée. En complément, elle proposera le 4e choix de chaque journée.

Avec les changements dans la composition des journées, il conviendra de voir in concreto si ces choix s’avèrent de bonne facture pour les abonnés à la chaine cryptée. Chaine qui devra d’ailleurs adapter ses cases horaires du Top 14 et de la D1 féminine à ces évolutions, tout en prenant en compte les affiches de Premier League. Il est à noter enfin que l’on ne connait pas la destinée du lot contenant les magazines en semaine, annoncé partagé pour quelques millions d’euros entre beIN SPORTS et Mediapro par L’Équipe il y a quelques mois.
Une distribution-acquisition de beIN ?
Au sujet de l’accord de distribution exclusive, si il semble finalisé, il conviendra de veiller à ce que toutes les étapes soient confirmées jusqu’à validation de cette nouveauté. En 2016, un accord semblable avait été retoqué par l’autorité de la concurrence (ADLC), cette dernière ayant alors opposé les obligations imposées au groupe Canal en 2012 suite au non respect d’engagements pris lors de la fusion avec TPS dans le courant des années 2000. Entre temps, la chaine cryptée a renégocié à la baisse ces obligations et surtout la durée de la prolongation. Celles-ci expireront définitivement… à la fin 2019.
Autrement dit, Canal+ aura en juin les mains libres et pourrait absorber intégralement beIN SPORTS au sein de ses offres, notamment à destination des FAI (Orange, SFR, Bouygues, Free), qui ne devraient plus disposer des données sur leurs clients abonnés à la chaine, mais surtout pourraient ne plus proposer l’offre sans engagement à 15€/mois.
Canal+ va en effet pouvoir déterminer selon les termes négociés du nouveau contrat si la chaine beIN SPORTS sera commercialisée seule ou si il faudra dorénavant posséder tout ou partie des chaines Canal+ pour accéder à l’offre sportive intégrale. A noter cependant que l’ADLC dispose toujours de la possibilité de sanctionner les pratiques anticoncurrentielles comme la constitution d’un monopole. Mais en présence d’un acteur fort en face tel que Mediapro, il faudra au régulateur des arguments solides pour contrer cette alliance annoncée.
A noter enfin que cela devrait sonner le glas de la plateforme beIN SPORTS Connect qui propose jusqu’à présent la chaine en auto-distribution. Cela devrait se concrétiser avec un non-renouvellement progressif des abonnements à compter de juin prochain ou un basculement du parc d’abonnés sur la plateforme myCanal selon les hypothèses les plus envisageables qui n’ont pas à l’heure actuelle été évoquées par les parties.
Mediapro n’a plus d’acheteurs pour limiter le coût des droits.
Mediapro justement, voit sa marge de manœuvre diminuer. En effet, dans l’hypothèse où le groupe espagnol de Jaume Roures espérait secrètement, en dépit des affirmations publiques de son charismatique patron, faire de la revente de droits (avec plus-value), sa stratégie a du plomb dans l’aile. Les deux acheteurs potentiels viennent ici de faire affaire et le montage économique leur est plutôt favorable.
D’un côté, Canal+ paye actuellement 540M€ par an pour la Ligue 1. la chaine cryptée réduira cette facture de 210M€ l’an prochain, pour y ajouter la valeur de la Ligue des Champions de retour en 2021 (310M€ selon les chiffres de L’Équipe). Les meubles sont sauvés et les couts sont globalement maitrisés.
De l’autre, beIN réalise une très importante économie qui semble marquer la redirection de son modèle vers une forte limitation des investissements au point de consentir à ne plus diffuser le PSG en compétition officielle. Il y aura avec certitudes jusqu’en 2024 la Ligue 2 (60M€ au total, soit entre 40 et 50M€/an à la charge de beIN), la Ligue des Champions à compter de 2021 (60M€/an), les championnats européens jusqu’en 2021 (une cinquantaine de millions d’euros au total dont 30M€ rien que pour la Liga) et le Mondial 2022 (60M€).
Soit un cout de grille moyen en achats sportifs pour les saisons 2020 à 2024 s’élevant pour l’heure autour de 150M€ par saison. Une valeur nettement en baisse, qui ne devrait pas dépasser les 250M€ si tous les droits arrivant bientôt à échéance venaient à être renouvelés et qui fait entrer la chaine dans une phase stratégique économiquement raisonnable à l’heure de contracter auprès de Canal+.
Difficile donc de voir l’un ou l’autre des deux acteurs récupérer pour près de 800M€ de droits arrogés par Mediapro, surtout avec des prix d’entrée débutant à 190M€ pour le lot de Ligue 1 le moins cher. Il faudra donc que le projet de chaine prenne forme pour ne pas que la Ligue 1 se retrouve perdue et lésée cet été.
La distribution et le prix, éléments déterminants du modèle économique de Mediapro.
La nouvelle chaine de Mediapro, c’est désormais certain, dépensera entre 800 et 900M€ chaque saison pour exister, et proposer dès septembre la quasi intégralité du football français. Reste à savoir si la base d’abonnés sera suffisante pour rapporter autant d’argent, alors que Canal+ s’est réarmé pour conserver des fidèles dont on annonçait la fuite et dont une partie du pouvoir d’achat était promise à Mediapro.
Les FAI se feront un plaisir d’accueillir la nouvelle chaine de la Ligue 1, c’est une certitude. Cependant, les fans devront accepter ce nouvel acteur sans la promesse de Ligue des Champions et à un prix qui sera bien moins agressif que les 15€ mensuels sans engagement de beIN SPORTS qui ont fait son succès (11€ au lancement pour une offre variée).
Les 4 millions d’abonnés permanents à 25€/mois nécessaires pour arriver au seuil des bénéfices vont être encore plus compliqués à obtenir, même si la quantité de rencontres (16 ou 17 chaque week-end) apportera son lot de fidèles. A condition que le prix ne soit pas jugé dissuasif au point d’inciter les fans à privilégier d’autres façons plus économiques de voir les matchs.
Mais les deux précédents beIN SPORTS et RMC Sport montrent à quel point il est délicat de conquérir des abonnés sur notre marché, que ce soit avec un produit premium unique (RMC Sport en serait à 2 millions d’abonnés) ou avec une offre étoffée au prix d’appel extraordinairement agressif (beIN SPORTS n’a obtenu 4 millions d’abonnés qu’après 6 ans d’existence à l’occasion du mondial 2018 et ce temporairement).
L’accord de distribution à conclure avec Canal+ sera essentiel pour la réussite économique et populaire du projet, et pourrait définitivement dessiner les contours de l’offre globale proposée aux français dans 9 mois. La chaine cryptée aborde désormais les négociations en position de force, tant elle a su se rendre indispensable auprès des deux concurrents précédemment cités.
Même si la distribution s’avère large en définitive, gare à l’accident, tant le montant de la promesse faite par Mediapro au football français est important, qui plus est pour un nouvel entrant. Et l’on ne sait pas si il consentira à subir des pertes importantes sur les 4 années du contrat, ou ne serais-ce qu’à les envisager.
RMC Sport, gloire et décadence ?
Pendant ce temps chez RMC Sport, difficile de savoir ce qu’envisagent les dirigeants d’une chaine pour qui les droits de la Ligue des Champions constitueraient presque un fardeau. Après n’avoir pas candidaté en 2018 pour la Ligue 1, le groupe Altice a brillé par son absence au moment de remettre en jeu ses droits UEFA. On se demande même si une proposition financière a été réalisée. Et on se demande surtout quel avenir aura cette chaine dont une grande partie des droits expirent dans les 18 mois. (Basket français l’été prochain, Coupes UEFA en 2021 et Premier League en 2022)
Plusieurs solutions existent. La plus radicale consisterait à arrêter les frais dès 2020, en cédant les derniers droits dans l’escarcelle du groupe pour limiter les pertes. Cela représenterait cependant un véritable échec en terme d’image. Cela serait très peu valorisant pour le groupe, qui perdrait dans le même temps les bénéfices structurels que représentent les nouveaux locaux et studios, avec notamment le travail réalisé autour de la production des émissions radios de RMC.
D’où l’éventualité de conserver la marque avec une diminution progressive des coûts pour tenter de retrouver en 2022 l’équilibre économique de Ma Chaine Sport, le valeureux ancêtre. Le groupe conserverait sa marque, ses émissions provenant de la radio et les économies permises notamment auprès des abonnés à SFR. Une ultime option consisterait à voir la chaine cesser d’émettre à l’issue de ses derniers grands contrats. A moins que l’ambition de l’actionnaire revienne ou que cette chaine et ses derniers actifs viennent à intéresser un acteur extérieur, comme Canal+ ou Mediapro. Le jeu demeure plus ouvert que jamais et l’on ne sait pas d’où proviendra la deuxième partie de la solution.
https://www.mediasportif.fr/2019/12/...rt-dos-au-mur/
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