Raymond Domenech principal coupable des échecs de l'équipe de France en 2008 et 2010 ? L'ancien sélectionneur des Bleus pointe sévèrement du doigts ceux qui l'ont déçus.
Le livre de Raymond Domenech à paraître le 21 novembre risque de heurter certains égos parmi les joueurs qui ont participé à l’aventure sud-africaine. Longtemps silencieux sur le sujet, l’ancien sélectionneur n’épargne personne ou presque. En premier lieu, ce sont bien les joueurs qui servent de défouloir, qu’ils aient été ses protégés ou non. L’Équipe publie quelques extraits dans lesquels Domenech livre le fond de sa pensée sur certains d’entre eux. Et ça fait mal !
Thierry Henry, sélectionné alors qu’il ne jouait quasiment plus au Barça ? « Avant la rencontre face au Mexique, il n’a pas fait un mètre pour s’échauffer. Je l’ai rayé de ma mémoire mais c’est une erreur car on ne met pas un joueur de sa trempe sur le côté sans lui parler. J’ai mis Gignac à la pause à la place d’Anelka mais j’aurais dû mettre Henry. Ça lui aurait plu de jouer les héros. (...) Evra le soupçonne d’être la taupe du vestiaire mais il a ensuite retourné tout le monde, est parvenu à souffler que je pourrais être la taupe. (...) Contre l’Afrique du Sud, j’aurais préféré mettre Réveillère avant-centre, mais le staff m’a convaincu. (...) Finir sa carrière internationale sur l’affaire du bus, c’est tout de même injuste », écrit Domenech.
Franck Ribéry, amené à être l’un des leaders d’attaque des Bleus ? « Ribéry n’aime pas Gourcuff, c’est certain. (...) Avant l’Uruguay, j’ai dit à Gourcuff : "Je t’ai confié les clés, à toi de jouer !" Le pire, c’est le regard de Franck Ribéry. Je me fais peut-être du cinéma, mais j’ai vu dans ses yeux la haine, le mépris, ou la jalousie. (...) Il est semblable à Anelka et Henry : tout tourne autour de leur nombril. Lorsque ça coince, ils sont les premiers à quitter le navire. (...) Un joueur cadre de 2008 m’avait prévenu à son sujet et moi, je lui ai confié les clés. Quel con je suis... », peut-on lire. Il confirme ainsi que les relations entre Ribéry et Gourcuff n’ont jamais été au beau fixe, malgré les nombreux démentis livrés par les deux principaux concernés. Et dire qu’aujourd’hui, ils cohabitent de nouveau ensemble en Bleu.
Sur Gourcuff, qu’il a lancé en équipe de France et sur qui il comptait énormément, Domenech est tout aussi sévère. « J’ai envie de lui mettre des gifles, avec son air de garçon candide, de pauvre petit malheureux à qui on veut du mal. Réveille-toi Yoann ! (...) Il est dans son monde de bisounours. (...) Le 9 juin, il boude à l’entraînement parce que c’est dans sa nature et qu’il ne peut pas comprendre, avec son sens aigu du collectif, le positionnement de Malouda. (...) Contre l’Uruguay, il subit. Il court mais n’apporte rien. Il est trop lent, pas serein. (...) Lors des séances vidéo, on se rend compte qu’Anelka ne passe pas à Gourcuff. (...) À l’entraînement, quand il est intégré à l’équipe des titulaires, ils ont saboté l’affaire. (...) Sur TF1, il met en cause la défense. J’étais défait. Les attaquants ne le supportaient plus et il y ajoutait les défenseurs. (...) Il s’est mis en colère après le Mexique. Il en est capable ! Plus tôt, cela aurait été mieux. Il a la rage et je lui dis que pour avoir le pouvoir en équipe de France, il faut le prendre », lâche-t-il. Ne s’est-il pas trompé de meneur au regard de ce qu’il recherchait ?
Personne n’échappe à la critique, et surtout pas Malouda, qui réclamait alors plus de considération. « Il fait la gueule parce qu’il refuse de jouer milieu défensif. (...) Ses états d’âme perturbent la mise en place tactique. (...) Il fait la gueule à chaque fois que je lui donne un conseil. (...) Il en est même arrivé à tacler Valbuena et Diaby sans raison, juste parce qu’il venait de perdre le ballon. En fait, il ne supporte pas de ne pas être le leader de l’attaque. Il veut être numéro 10, un point c’est tout », lance Domenech. La vengeance est un plat qui se mange froid. Avec la parution de ce livre plus de deux ans après la Coupe du Monde en Afrique du Sud, certains Bleus sont en train d’en faire l’expérience.
FM
"Tout seul", voilà le titre lucide que porte le livre signé Raymond Domenech, dont la date de sortie est prévue pour le 21 novembre. Il y revient notamment sur la Coupe du Monde 2010 et la fameuse grève de Knysna. Avec des mots très durs.
Il a longtemps alimenté la frustration des amoureux de l’équipe de France en gardant le silence. Raymond Domenech le brise enfin totalement en publiant son livre intitulé « Tout seul » (sortie le 21 novembre). Il peut tout lâcher, exprimer ses ressentiments, sa honte, son dégoût pour les pires moments de son aventure en Bleu. En tant que sélectionneur, il a vécu le pire des cauchemars à la Coupe du Monde 2010. L’aboutissement d’un cycle de 6 ans qui aurait dû être interrompu bien plus tôt. Car dans ses confessions, on comprend que le sélectionneur national, qui se plaisait à prendre une certaine arrogance à l’heure de s’expliquer devant les journalistes, ne faisait que feindre la confiance en ses joueurs.
À deux jours de l’entrée en Coupe du Monde, face à l’Uruguay (0-0), il écrit à propos de son groupe. « J’ai les boules. Ma causerie d’avant-match est toute prête : "Allez vous faire foutre". (...) J’en ai marre de cette inertie collective. Je n’ai qu’une envie : les envoyer chier. Qu’ils se démerdent. » Éloquent ce journal de bord qu’il a tenu à jour durant son temps à la tête des Bleus lui permet de retranscrire fidèlement les émotions ressenties. Quelques heures avant le match contre le Mexique (0-1) : « Je n’ai plus d’énergie, je ne les aime plus. Leurs caprices me gonflent ». Le surlendemain, L’Équipe titrait sur l’insulte adressée par Anelka dans les vestiaires. « La fin de la phrase m’a échappé dans le brouhaha. Bizarrement, j’ai été moins choqué par l’insulte que par le tutoiement, qui cassait une barrière, celle des fonctions, des âges, de la hiérarchie », écrit-il.
La révélation de ce triste incident dans L’Équipe sera le point de départ de la grève à venir. « J’ai ressenti le choc de cette une et de cette histoire avec une violence inouïe. Mais j’ai vite compris que les joueurs étaient moins affectés par le scandale que par sa révélation. Au sein du groupe, une interrogation tournait en boucle : qui était la taupe ? (…) Au terme de ce naufrage [ndlr la défaite face au Mexique], une image m’a réveillé un peu : Gallas et Anelka en train de rigoler, juste après le match. Quelle inconscience ; ils semblaient heureux de la défaite », glisse Domenech, terriblement remontés contre les joueurs qui l’ont trahi. « Deux ans après, je ne comprends toujours pas comment certains d’entre eux [ndlr les joueurs] ont pu se montrer aussi faibles et inconscients. Et j’en veux surtout à ceux que j’ai soutenus pendant des mois et imposés en me faisant massacrer par la presse. »
Ces traîtres à sa confiance ne sont pas les seuls à récolter son courroux. Les membres de la Fédération française de football présents sur place ne sont pas épargnés. « Ils restaient dans notre hôtel, totalement transparents. (...) Après la défaite contre le Mexique, je n’existais déjà plus à leurs yeux. Je suis le bouc émissaire parfait. Il faut dire que j’ai fait beaucoup d’efforts pour... », consent-il. Domenech se dit conscient de ses erreurs, se juge « humilié de (s)’être autant trompé ». Sur la grève, il assure que seuls « deux ou trois joueurs y étaient favorables »
Écœurés par le comportement des joueurs, « des gosses inconscients », « épuisé, vidé, laminé » par son travail, il dit avoir pensé à remettre son tablier à plusieurs reprises. « J’ai toujours su que j’avais tout à gagner en quittant mon poste et tout à perdre en continuant ; mais je n’arrive pas à renoncer, je ne sais pas faire. Je me suis régulièrement posé la question du départ en 2006 et 2010, mais à chaque fois que je me sentais vaciller, un signe d’espoir me tirait de mes doutes et me ramenait au combat. » Cet espoir, il était l’un des rares à l’entrapercevoir. Aujourd’hui, on sait qu’il ne s’agissait que d’un mirage.
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Domenech - Les trois erreurs de Knysna
Dans son livre «Tout seul», dont la parution est prévue le 21 novembre, Raymond Domenech évoque évidemment l'épisode de la grève des joueurs à Knysna le 20 juin 2010. Un jour où il estime avoir commis trois erreurs.
Chargeant les joueurs, Raymond Domenech reconnaît quelques torts dans son livre. Trois d'entre eux ont pris corps lors de la journée du 20 juin 2010, qui verra les Bleus faire la grève de l'entraînement sous l'oeil des caméras du monde entier. Le sélectionneur prévient son préparateur physique Robert Duverne de l'intention du groupe. «Il a perdu son contrôle. Avec Evra, ils ont commencé à en venir aux mains, en direct devant les caméras. Je les ai séparés. Ma première erreur. J'aurai dû les laisser aller au bout de leur logique d'affrontement : leur bagarre aurait montré que le staff était prêt à se battre pour défendre l'intérêt de l'équipe de France.»
«J'ai rapidement compris que l'influence de Thierry était aussi nulle que la mienne.»:grn::DEnsuite, les joueurs sont remontés dans le bus. «J'ai suivi les joueurs. La deuxième très grosse erreur m'attendait. J'aurais dû les empêcher de quitter le terrain, exiger qu'ils s'entraînent et non pas négocier et subir.» Au lieu de ça, Raymond Domenech explique s'être retrouvé face à un mur. Son discours, tantôt moralisateur, tantôt pédagogue n'a jamais trouvé d'écho au sein des Bleus. «J'ai capté une bribe de phrase que Thierry Henry a suspendue à mon arrivée : "Le coach a quand même dit des choses vraies, il a peut-être raison les mecs..." Mais j'ai rapidement compris que l'influence de Thierry était aussi nulle que la mienne.»
Le communiqué des joueurs, dont la rédaction a été notamment confiée à l'agent de Toulalan, passera de mains en mains. Mais personne ne veut le lire. Ce sera finalement le sélectionneur lui-même qui s'en chargera. Il ne considère d'ailleurs pas ça comme un tort. «J'ai espéré un court instant qu'un membre de l'équipe, son capitaine ou Thierry Henry, vienne me rejoindre afin d'assumer les responsabilités collectives. (...) Mais personne n'a bougé, trop content d'être protégé par mon impulsion. (...) Mais ma troisième erreur, c'est de ne pas avoir précisé que je ne cautionnais pas ce texte. C'était tellement évident dans mon esprit que je n'ai même pas pensé à le dire. En direct, le public assistait à ce que je redoutais le plus : le suicide collectif de l'équipe de France.»
l'Equipe
Domenech est notamment revenu sur le cas de Yoann Gourcuff, mal-aimé d'une partie du vestiaire, et avec qui il a eu des mots durs dans son livre. "Je me suis rendu compte qu'inconsciemment, beaucoup de joueurs ne lui faisaient pas la passe lorsqu'il était le mieux placé. Le "sortir" du groupe, c'était un moindre mal, a expliqué Raymond Domenech. Sinon, il fallait virer 4 ou 5 joueurs. J'ai été sévère avec lui mais c'est parce que c'est un mec super, cultivé, avec le sens du collectif. Il n'avait rien à faire dans ce contexte difficile. Je l'ai protégé. J'espère qu'il a compris qu'un vrai leader devait prendre sa place, avec autorité."
Le livre de Raymond Domenech à paraître le 21 novembre risque de heurter certains égos parmi les joueurs qui ont participé à l’aventure sud-africaine. Longtemps silencieux sur le sujet, l’ancien sélectionneur n’épargne personne ou presque. En premier lieu, ce sont bien les joueurs qui servent de défouloir, qu’ils aient été ses protégés ou non. L’Équipe publie quelques extraits dans lesquels Domenech livre le fond de sa pensée sur certains d’entre eux. Et ça fait mal !
Thierry Henry, sélectionné alors qu’il ne jouait quasiment plus au Barça ? « Avant la rencontre face au Mexique, il n’a pas fait un mètre pour s’échauffer. Je l’ai rayé de ma mémoire mais c’est une erreur car on ne met pas un joueur de sa trempe sur le côté sans lui parler. J’ai mis Gignac à la pause à la place d’Anelka mais j’aurais dû mettre Henry. Ça lui aurait plu de jouer les héros. (...) Evra le soupçonne d’être la taupe du vestiaire mais il a ensuite retourné tout le monde, est parvenu à souffler que je pourrais être la taupe. (...) Contre l’Afrique du Sud, j’aurais préféré mettre Réveillère avant-centre, mais le staff m’a convaincu. (...) Finir sa carrière internationale sur l’affaire du bus, c’est tout de même injuste », écrit Domenech.
Franck Ribéry, amené à être l’un des leaders d’attaque des Bleus ? « Ribéry n’aime pas Gourcuff, c’est certain. (...) Avant l’Uruguay, j’ai dit à Gourcuff : "Je t’ai confié les clés, à toi de jouer !" Le pire, c’est le regard de Franck Ribéry. Je me fais peut-être du cinéma, mais j’ai vu dans ses yeux la haine, le mépris, ou la jalousie. (...) Il est semblable à Anelka et Henry : tout tourne autour de leur nombril. Lorsque ça coince, ils sont les premiers à quitter le navire. (...) Un joueur cadre de 2008 m’avait prévenu à son sujet et moi, je lui ai confié les clés. Quel con je suis... », peut-on lire. Il confirme ainsi que les relations entre Ribéry et Gourcuff n’ont jamais été au beau fixe, malgré les nombreux démentis livrés par les deux principaux concernés. Et dire qu’aujourd’hui, ils cohabitent de nouveau ensemble en Bleu.
Sur Gourcuff, qu’il a lancé en équipe de France et sur qui il comptait énormément, Domenech est tout aussi sévère. « J’ai envie de lui mettre des gifles, avec son air de garçon candide, de pauvre petit malheureux à qui on veut du mal. Réveille-toi Yoann ! (...) Il est dans son monde de bisounours. (...) Le 9 juin, il boude à l’entraînement parce que c’est dans sa nature et qu’il ne peut pas comprendre, avec son sens aigu du collectif, le positionnement de Malouda. (...) Contre l’Uruguay, il subit. Il court mais n’apporte rien. Il est trop lent, pas serein. (...) Lors des séances vidéo, on se rend compte qu’Anelka ne passe pas à Gourcuff. (...) À l’entraînement, quand il est intégré à l’équipe des titulaires, ils ont saboté l’affaire. (...) Sur TF1, il met en cause la défense. J’étais défait. Les attaquants ne le supportaient plus et il y ajoutait les défenseurs. (...) Il s’est mis en colère après le Mexique. Il en est capable ! Plus tôt, cela aurait été mieux. Il a la rage et je lui dis que pour avoir le pouvoir en équipe de France, il faut le prendre », lâche-t-il. Ne s’est-il pas trompé de meneur au regard de ce qu’il recherchait ?
Personne n’échappe à la critique, et surtout pas Malouda, qui réclamait alors plus de considération. « Il fait la gueule parce qu’il refuse de jouer milieu défensif. (...) Ses états d’âme perturbent la mise en place tactique. (...) Il fait la gueule à chaque fois que je lui donne un conseil. (...) Il en est même arrivé à tacler Valbuena et Diaby sans raison, juste parce qu’il venait de perdre le ballon. En fait, il ne supporte pas de ne pas être le leader de l’attaque. Il veut être numéro 10, un point c’est tout », lance Domenech. La vengeance est un plat qui se mange froid. Avec la parution de ce livre plus de deux ans après la Coupe du Monde en Afrique du Sud, certains Bleus sont en train d’en faire l’expérience.
FM
"Tout seul", voilà le titre lucide que porte le livre signé Raymond Domenech, dont la date de sortie est prévue pour le 21 novembre. Il y revient notamment sur la Coupe du Monde 2010 et la fameuse grève de Knysna. Avec des mots très durs.
Il a longtemps alimenté la frustration des amoureux de l’équipe de France en gardant le silence. Raymond Domenech le brise enfin totalement en publiant son livre intitulé « Tout seul » (sortie le 21 novembre). Il peut tout lâcher, exprimer ses ressentiments, sa honte, son dégoût pour les pires moments de son aventure en Bleu. En tant que sélectionneur, il a vécu le pire des cauchemars à la Coupe du Monde 2010. L’aboutissement d’un cycle de 6 ans qui aurait dû être interrompu bien plus tôt. Car dans ses confessions, on comprend que le sélectionneur national, qui se plaisait à prendre une certaine arrogance à l’heure de s’expliquer devant les journalistes, ne faisait que feindre la confiance en ses joueurs.
À deux jours de l’entrée en Coupe du Monde, face à l’Uruguay (0-0), il écrit à propos de son groupe. « J’ai les boules. Ma causerie d’avant-match est toute prête : "Allez vous faire foutre". (...) J’en ai marre de cette inertie collective. Je n’ai qu’une envie : les envoyer chier. Qu’ils se démerdent. » Éloquent ce journal de bord qu’il a tenu à jour durant son temps à la tête des Bleus lui permet de retranscrire fidèlement les émotions ressenties. Quelques heures avant le match contre le Mexique (0-1) : « Je n’ai plus d’énergie, je ne les aime plus. Leurs caprices me gonflent ». Le surlendemain, L’Équipe titrait sur l’insulte adressée par Anelka dans les vestiaires. « La fin de la phrase m’a échappé dans le brouhaha. Bizarrement, j’ai été moins choqué par l’insulte que par le tutoiement, qui cassait une barrière, celle des fonctions, des âges, de la hiérarchie », écrit-il.
La révélation de ce triste incident dans L’Équipe sera le point de départ de la grève à venir. « J’ai ressenti le choc de cette une et de cette histoire avec une violence inouïe. Mais j’ai vite compris que les joueurs étaient moins affectés par le scandale que par sa révélation. Au sein du groupe, une interrogation tournait en boucle : qui était la taupe ? (…) Au terme de ce naufrage [ndlr la défaite face au Mexique], une image m’a réveillé un peu : Gallas et Anelka en train de rigoler, juste après le match. Quelle inconscience ; ils semblaient heureux de la défaite », glisse Domenech, terriblement remontés contre les joueurs qui l’ont trahi. « Deux ans après, je ne comprends toujours pas comment certains d’entre eux [ndlr les joueurs] ont pu se montrer aussi faibles et inconscients. Et j’en veux surtout à ceux que j’ai soutenus pendant des mois et imposés en me faisant massacrer par la presse. »
Ces traîtres à sa confiance ne sont pas les seuls à récolter son courroux. Les membres de la Fédération française de football présents sur place ne sont pas épargnés. « Ils restaient dans notre hôtel, totalement transparents. (...) Après la défaite contre le Mexique, je n’existais déjà plus à leurs yeux. Je suis le bouc émissaire parfait. Il faut dire que j’ai fait beaucoup d’efforts pour... », consent-il. Domenech se dit conscient de ses erreurs, se juge « humilié de (s)’être autant trompé ». Sur la grève, il assure que seuls « deux ou trois joueurs y étaient favorables »
Écœurés par le comportement des joueurs, « des gosses inconscients », « épuisé, vidé, laminé » par son travail, il dit avoir pensé à remettre son tablier à plusieurs reprises. « J’ai toujours su que j’avais tout à gagner en quittant mon poste et tout à perdre en continuant ; mais je n’arrive pas à renoncer, je ne sais pas faire. Je me suis régulièrement posé la question du départ en 2006 et 2010, mais à chaque fois que je me sentais vaciller, un signe d’espoir me tirait de mes doutes et me ramenait au combat. » Cet espoir, il était l’un des rares à l’entrapercevoir. Aujourd’hui, on sait qu’il ne s’agissait que d’un mirage.
Dans son livre «Tout seul», dont la parution est prévue le 21 novembre, Raymond Domenech se livre. Il raconte notamment son Mondial 2010 et donne enfin sa version sur la fameuse insulte lancée par Nicolas Anelka à la mi-temps du match France-Mexique. Voici le verbatim :
«Je ne sais pas si je dois vous dire quoi que ce soit, puisque lorsqu'on décide de faire quelque chose, il ne se passe rien. J'avais demandé de la profondeur et toi Nico, sur le premier ballon, tu restes là, sans bouger.
Va en profondeur, vas-y !
- C'est ça, toujours moi...
- Oui, toujours toi. Parce que c'est toi qui décroches et qui ne va pas en profondeur."
Il se tenait baissé, sur sa chaise.
"Mais si, j'y vais.
- Non.
- Si, j'ai essayé.
- Mais non! Ne dis pas ça! On est dix sur le banc à voir que tu n'y vas pas!"
Il s'est remis à parler, mais à Ribéry, sans me regarder, comme si je n'étais pas là: "Il m'emmerde! C'est quoi, ça? Toujours moi!"
Patrice Evra a alors essayé d'éteindre le feu qui couvait: "ça va les gars, on se calme, il reste une mi-temps à jouer, on est bien..."
Mais Anelka ne s'est pas calmé et a lancé: "******, t'as qu'à la faire tout seul ton équipe de merde! J'arrête, moi..."
Je n'ai pas tout entendu. La fin de la phrase m'a échappé dans le brouhaha. Bizarement, j'ai été moins choqué par l'insulte que par le tutoiement qui cassait une barrière, celle des fonctions, des âges, de la hiérarchie (...) Anelka avait tué le groupe".
«Je ne sais pas si je dois vous dire quoi que ce soit, puisque lorsqu'on décide de faire quelque chose, il ne se passe rien. J'avais demandé de la profondeur et toi Nico, sur le premier ballon, tu restes là, sans bouger.
Va en profondeur, vas-y !
- C'est ça, toujours moi...
- Oui, toujours toi. Parce que c'est toi qui décroches et qui ne va pas en profondeur."
Il se tenait baissé, sur sa chaise.
"Mais si, j'y vais.
- Non.
- Si, j'ai essayé.
- Mais non! Ne dis pas ça! On est dix sur le banc à voir que tu n'y vas pas!"
Il s'est remis à parler, mais à Ribéry, sans me regarder, comme si je n'étais pas là: "Il m'emmerde! C'est quoi, ça? Toujours moi!"
Patrice Evra a alors essayé d'éteindre le feu qui couvait: "ça va les gars, on se calme, il reste une mi-temps à jouer, on est bien..."
Mais Anelka ne s'est pas calmé et a lancé: "******, t'as qu'à la faire tout seul ton équipe de merde! J'arrête, moi..."
Je n'ai pas tout entendu. La fin de la phrase m'a échappé dans le brouhaha. Bizarement, j'ai été moins choqué par l'insulte que par le tutoiement qui cassait une barrière, celle des fonctions, des âges, de la hiérarchie (...) Anelka avait tué le groupe".
Domenech - Les trois erreurs de Knysna
Dans son livre «Tout seul», dont la parution est prévue le 21 novembre, Raymond Domenech évoque évidemment l'épisode de la grève des joueurs à Knysna le 20 juin 2010. Un jour où il estime avoir commis trois erreurs.
Chargeant les joueurs, Raymond Domenech reconnaît quelques torts dans son livre. Trois d'entre eux ont pris corps lors de la journée du 20 juin 2010, qui verra les Bleus faire la grève de l'entraînement sous l'oeil des caméras du monde entier. Le sélectionneur prévient son préparateur physique Robert Duverne de l'intention du groupe. «Il a perdu son contrôle. Avec Evra, ils ont commencé à en venir aux mains, en direct devant les caméras. Je les ai séparés. Ma première erreur. J'aurai dû les laisser aller au bout de leur logique d'affrontement : leur bagarre aurait montré que le staff était prêt à se battre pour défendre l'intérêt de l'équipe de France.»
«J'ai rapidement compris que l'influence de Thierry était aussi nulle que la mienne.»:grn::DEnsuite, les joueurs sont remontés dans le bus. «J'ai suivi les joueurs. La deuxième très grosse erreur m'attendait. J'aurais dû les empêcher de quitter le terrain, exiger qu'ils s'entraînent et non pas négocier et subir.» Au lieu de ça, Raymond Domenech explique s'être retrouvé face à un mur. Son discours, tantôt moralisateur, tantôt pédagogue n'a jamais trouvé d'écho au sein des Bleus. «J'ai capté une bribe de phrase que Thierry Henry a suspendue à mon arrivée : "Le coach a quand même dit des choses vraies, il a peut-être raison les mecs..." Mais j'ai rapidement compris que l'influence de Thierry était aussi nulle que la mienne.»
Le communiqué des joueurs, dont la rédaction a été notamment confiée à l'agent de Toulalan, passera de mains en mains. Mais personne ne veut le lire. Ce sera finalement le sélectionneur lui-même qui s'en chargera. Il ne considère d'ailleurs pas ça comme un tort. «J'ai espéré un court instant qu'un membre de l'équipe, son capitaine ou Thierry Henry, vienne me rejoindre afin d'assumer les responsabilités collectives. (...) Mais personne n'a bougé, trop content d'être protégé par mon impulsion. (...) Mais ma troisième erreur, c'est de ne pas avoir précisé que je ne cautionnais pas ce texte. C'était tellement évident dans mon esprit que je n'ai même pas pensé à le dire. En direct, le public assistait à ce que je redoutais le plus : le suicide collectif de l'équipe de France.»
l'Equipe
Domenech : « Lloris, Toulalan et Mandanda m’ont déçu »
Dans ce livre, il fustige l’attitude de certains de ses joueurs en qu’il avait une réelle confiance : « Toulalan, Lloris ou Mandanda? «Ils m’ont plus déçu que les autres. A Knysna, ils ne m’ont pas dit ce qui se préparait. Avec eux, il y avait un plus affectif. Les autres, ce n’étaient que des sportifs que je sélectionnais » a-t-il expliqué.
Dans ce livre, il fustige l’attitude de certains de ses joueurs en qu’il avait une réelle confiance : « Toulalan, Lloris ou Mandanda? «Ils m’ont plus déçu que les autres. A Knysna, ils ne m’ont pas dit ce qui se préparait. Avec eux, il y avait un plus affectif. Les autres, ce n’étaient que des sportifs que je sélectionnais » a-t-il expliqué.
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