Lundi 10 Septembre 2007
Benzema, c'est déjà demain
Par Solen CHERRIER
Le Journal du Dimanche
Son ascension sonne comme une évidence. L'inéluctable transpirait déjà dans cette prédiction de Philippe Bergeroo, au lendemain d'un championnat d'Europe des moins de 17 ans victorieux (2004). Interrogé sur ses stars en herbe: "Qui sera le grand joueur de demain: Nasri, Ben Arfa, Menez ou Yahiaoui ?", l'entraîneur tricolore répondait invariablement: "Karim Benzema". A l'époque, le jeune attaquant lyonnais n'avait ni l'aura médiatique naissante de ses équipiers ni leur poids dans l'équipe. Mais il avait un talent suffisamment rare pour fasciner les connaisseurs.
Le plan de carrière de Benzema ne prévoyait pas une explosion avant l'heure. Plutôt une progression régulière jusqu'à ses 20 ans (il les aura le 19 décembre), sans se mettre en avant. Le voilà titulaire à Lyon, où il a gagné en maturité dans le jeu sans la pression qui pèse sur les épaules de Nasri à l'OM. Meilleur buteur de Ligue 1 avec cinq buts en six journées, tous dans des registres différents. International depuis mars dernier. "Et il n'est qu'au bas de la colline, assure Gérard Houllier, qui l'a entraîné deux saisons à l'OL. D'ici quelques années, c'est le premier nom que l'on couchera sur une liste de l'équipe de France. Il a tout d'un grand. Au haut niveau, il faut l'intelligence et l'envie de réussir. Il a ça. Et en plus, le mental, une technique supérieure à la moyenne et un bon environnement."
"Dès le premier entraînement, j'avais compris, se souvient Philippe Bergeroo. A 16 ans, il connaissait tous les appels. Or la notion d'espace, c'est la marque des grands." A l'OL - ce lyonnais de naissance, qui a grandi à Bron, y a signé sa première licence à 9 ans - Bernard Lacombe se rappelle très bien du jour où il l'a remarqué: "Il avait 15 ans et j'ai appelé Jean-Michel Aulas dans la foulée. J'ai été bref: 'On a un futur grand'." Le conseiller du président lyonnais raconte aussi qu'il a poussé Paul Le Guen à l'incorporer dans le groupe pro. Et qu'il aurait aimé que l'on donne plus tôt sa chance à ce produit maison, qui ne compte que 46 matches en Ligue 1.
"Un joueur tellement complet qu'il est un peu à part"
Certains signes ne trompent pas. Première sélection, premier but (1-0 contre l'Autriche). Premiers pas en Ligue des champions, premier but contre Rosenborg. Et cela a toujours été comme ça. "Dans les années à venir, il sera ce qu'il se fait de mieux au niveau européen", glisse René Girard, l'entraîneur des Espoirs. Christophe Dugarry, d'abord "choqué" par une convocation à 19 ans qu'il craignait trop précoce, est lui aussi étonné par la force tranquille que dégage le jeune avant-centre: "En France, il n'y a pas de joueur aussi talentueux que lui. Il l'est autant que ces prédécesseurs chez les Bleus, mais dans un registre différent. Ce n'est pas un Papin. Mais dans son style, il est parfait."
Son style ? Sans chichis, délié et plein de sang-froid. Sur ce thème aussi, il y a unanimité: Benzema tient de tout le monde et de personne à la fois. Il est bon partout sans être meilleur dans un domaine précis. René Girard: "Souvent, les comparaisons viennent vite à l'esprit: Vieira pour Diaby, Zidane pour Nasri... Là, non. C'est un joueur tellement complet qu'il est un peu à part." "Il ne ressemble ni à Trezeguet ni à Anelka, poursuit Bernard Lacombe. Peut-être davantage à David, avec plus de qualités car il a des facilités pour éliminer son adversaire en un contre un. Par certains gestes, il me fait quand même penser à Zizou." Zidane. Forcément, l'origine kabyle, la timidité. Plus attiré par le but, Benzema ne jure lui que par Ronaldo, dont il a décrypté toute la gestuelle à la vidéo.
Dans le jeu, la filiation avec le Brésilien ne saute pas aux yeux. Ce qui interpelle, c'est sa faculté à rendre limpide ce qui ne l'est pas. "En fait, il a une excellente coordination. Ça lui permet de jouer facilement des ballons difficiles à négocier. Mais il a une marge de progression pour aller très haut", estime Alain Perrin, l'entraîneur de l'OL. S'il lui reste à "améliorer son pied gauche" (Lacombe), à "travailler sa puissance" (Houllier) ou encore à "accroître la prise de risque" (Girard), rien ne semble pouvoir stopper son ascension. Il a tiré les leçons de quatre mois passés à l'infirmerie la saison passée. Il fait plus attention à la diététique, à la récupération, aux soins. Car en plus, il écoute et apprend vite. "Le seul danger, ce serait qu'une femme le perturbe", tranche Karim Djaziri, son agent. Qui n'oublie pas que son protégé n'a pas encore vingt ans.
"Le seul danger, ce serait qu'une femme le perturbe"... HUM!!!...
Benzema, c'est déjà demain
Par Solen CHERRIER
Le Journal du Dimanche
Il n'a pas encore 20 ans, mais il est déjà le leader de l'attaque lyonnaise, et un remplaçant de luxe chez les Bleus. Karim Benzema, auteur d'un début de saison fracassant - 5 buts en 6 matchs -, s'affirme comme le grand attaquant français de demain. Une progression qui n'étonne pas ceux qui ont côtoyé le jeune homme de longue date, et avaient repéré un potentiel hors du commun.
Son ascension sonne comme une évidence. L'inéluctable transpirait déjà dans cette prédiction de Philippe Bergeroo, au lendemain d'un championnat d'Europe des moins de 17 ans victorieux (2004). Interrogé sur ses stars en herbe: "Qui sera le grand joueur de demain: Nasri, Ben Arfa, Menez ou Yahiaoui ?", l'entraîneur tricolore répondait invariablement: "Karim Benzema". A l'époque, le jeune attaquant lyonnais n'avait ni l'aura médiatique naissante de ses équipiers ni leur poids dans l'équipe. Mais il avait un talent suffisamment rare pour fasciner les connaisseurs.
Le plan de carrière de Benzema ne prévoyait pas une explosion avant l'heure. Plutôt une progression régulière jusqu'à ses 20 ans (il les aura le 19 décembre), sans se mettre en avant. Le voilà titulaire à Lyon, où il a gagné en maturité dans le jeu sans la pression qui pèse sur les épaules de Nasri à l'OM. Meilleur buteur de Ligue 1 avec cinq buts en six journées, tous dans des registres différents. International depuis mars dernier. "Et il n'est qu'au bas de la colline, assure Gérard Houllier, qui l'a entraîné deux saisons à l'OL. D'ici quelques années, c'est le premier nom que l'on couchera sur une liste de l'équipe de France. Il a tout d'un grand. Au haut niveau, il faut l'intelligence et l'envie de réussir. Il a ça. Et en plus, le mental, une technique supérieure à la moyenne et un bon environnement."
"Dès le premier entraînement, j'avais compris, se souvient Philippe Bergeroo. A 16 ans, il connaissait tous les appels. Or la notion d'espace, c'est la marque des grands." A l'OL - ce lyonnais de naissance, qui a grandi à Bron, y a signé sa première licence à 9 ans - Bernard Lacombe se rappelle très bien du jour où il l'a remarqué: "Il avait 15 ans et j'ai appelé Jean-Michel Aulas dans la foulée. J'ai été bref: 'On a un futur grand'." Le conseiller du président lyonnais raconte aussi qu'il a poussé Paul Le Guen à l'incorporer dans le groupe pro. Et qu'il aurait aimé que l'on donne plus tôt sa chance à ce produit maison, qui ne compte que 46 matches en Ligue 1.
"Un joueur tellement complet qu'il est un peu à part"
Certains signes ne trompent pas. Première sélection, premier but (1-0 contre l'Autriche). Premiers pas en Ligue des champions, premier but contre Rosenborg. Et cela a toujours été comme ça. "Dans les années à venir, il sera ce qu'il se fait de mieux au niveau européen", glisse René Girard, l'entraîneur des Espoirs. Christophe Dugarry, d'abord "choqué" par une convocation à 19 ans qu'il craignait trop précoce, est lui aussi étonné par la force tranquille que dégage le jeune avant-centre: "En France, il n'y a pas de joueur aussi talentueux que lui. Il l'est autant que ces prédécesseurs chez les Bleus, mais dans un registre différent. Ce n'est pas un Papin. Mais dans son style, il est parfait."
Son style ? Sans chichis, délié et plein de sang-froid. Sur ce thème aussi, il y a unanimité: Benzema tient de tout le monde et de personne à la fois. Il est bon partout sans être meilleur dans un domaine précis. René Girard: "Souvent, les comparaisons viennent vite à l'esprit: Vieira pour Diaby, Zidane pour Nasri... Là, non. C'est un joueur tellement complet qu'il est un peu à part." "Il ne ressemble ni à Trezeguet ni à Anelka, poursuit Bernard Lacombe. Peut-être davantage à David, avec plus de qualités car il a des facilités pour éliminer son adversaire en un contre un. Par certains gestes, il me fait quand même penser à Zizou." Zidane. Forcément, l'origine kabyle, la timidité. Plus attiré par le but, Benzema ne jure lui que par Ronaldo, dont il a décrypté toute la gestuelle à la vidéo.
Dans le jeu, la filiation avec le Brésilien ne saute pas aux yeux. Ce qui interpelle, c'est sa faculté à rendre limpide ce qui ne l'est pas. "En fait, il a une excellente coordination. Ça lui permet de jouer facilement des ballons difficiles à négocier. Mais il a une marge de progression pour aller très haut", estime Alain Perrin, l'entraîneur de l'OL. S'il lui reste à "améliorer son pied gauche" (Lacombe), à "travailler sa puissance" (Houllier) ou encore à "accroître la prise de risque" (Girard), rien ne semble pouvoir stopper son ascension. Il a tiré les leçons de quatre mois passés à l'infirmerie la saison passée. Il fait plus attention à la diététique, à la récupération, aux soins. Car en plus, il écoute et apprend vite. "Le seul danger, ce serait qu'une femme le perturbe", tranche Karim Djaziri, son agent. Qui n'oublie pas que son protégé n'a pas encore vingt ans.
"Le seul danger, ce serait qu'une femme le perturbe"... HUM!!!...
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