OL
issu du journal
Malgré les polémiques, les Lyonnais soutiennent toujours Jean-Michel Aulas
Les dernières prises de position de Jean-Michel Aulas ont dérangé jusqu'au sein des supporters de l'OL. Mais ces derniers, personnalités lyonnaises ou anonymes, ne remettent pas en cause leur président : pour eux, il reste l'homme de la situation.

Le président lyonnais, Jean-Michel Aulas. (B. Papon/L'Équipe)
Régis Dupont et Hugo Guillemet 23 mars 2020 à 00h40
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Le président lyonnais ne s'arrête jamais, et ce n'est pas la mise sous cloche de la planète entière qui allait le stopper. Ces deux dernières semaines, Jean-Michel Aulas a meublé le vide des compétitions de quelques sorties abrasives. Il y a dix jours dans le Monde, il a notamment évoqué l'hypothèse de décréter une saison blanche si le Championnat actuel n'allait pas à son terme : « Le plus logique serait alors de dire on annule tout et on repart sur la situation du début de saison. » L'option aurait l'immense intérêt de qualifier l'actuel septième de Ligue 1 à la prochaine édition de la Ligue des champions.
La prise de position a dérangé jusque dans son propre camp. « Dans le fond je suis d'accord, car on ne peut pas arrêter le Championnat maintenant, ça n'aurait pas de valeur. C'est le timing qui est catastrophique, juge Jérémy Lopez, acteur et sociétaire de la Comédie-Française, né à Lyon. Même moi là, ça me gêne de parler de football parce qu'on est dans une période très grave, une période d'angoisse, de stress, on est tous un peu perdus. Après, si on analyse la solution qu'il a proposée, sortie du contexte, elle est logique. Car dans le cas où on devrait arrêter le Championnat, bah on l'annule, en fait. »
« Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai eu honte, mais je trouve ça déplacé par rapport à la période, ajoute Henry-Claude (51 ans), fervent supporter de l'OL. Ça l'est aussi par rapport à Marseille ou Rennes, qui méritent leur place, comme nous méritons la septième. »« On sait tous que ce qu'il dit est un peu absurde, qu'il a dit ça aussi parce que la saison sent le roussi », convient Guillaume, fan de 16 ans. La bataille de petites phrases avec le président de l'Olympique de Marseille, Jacques-Henri Eyraud, a enflammé la toile (1). Et si Jean-Michel Aulas a depuis pu préciser sa pensée (2), le constat d'un patron qui joue tous les ballons par tous les temps peut indisposer. « Mais il est dans son double rôle de président de club leader en France et de dirigeant important de la Ligue et de la Fédération, défend Thierry Braillard, l'ex-secrétaire d'État chargé des Sports (de 2014 à 2017). Il essaie de trouver une solution, et ce que ça engendre comme polémique, c'est autre chose. Il l'a rappelé : l'hypothèse de la saison blanche, c'est celle qu'on souhaite le moins, mais il faudra peut-être l'envisager. »
« Cette décla, c'est un choix raisonné et stratégique, estime le Lyonnais Emmanuel Biron, ex-sprinteur de l'équipe de France d'athlétisme, aujourd'hui coach sportif et fondateur d'Optiforme. Il n'est peut-être pas le seul à penser ça. Pour nous, les sportifs, il est très, très compliqué de continuer à s'entraîner dans de bonnes conditions actuellement, en tout cas celles que demande le haut niveau. Donc il peut soumettre cette hypothèse. »« Depuis que je suis gamin et fan de l'équipe, et depuis six ans en tant qu'adjoint aux sports à la mairie, j'ai remarqué que Jean-Michel Aulas a toujours tout fait dans l'intérêt de son club, confie l'ex-gymnaste de haut niveau Yann Cucherat, candidat LREM aux municipales (3). Il faut interpréter ses déclarations comme celles d'un chef qui défend son entreprise. Twitter, j'en ai déjà parlé avec lui, il l'utilise car il considère que c'est un contre-pouvoir vis-à-vis de la presse, un point d'équilibre. »
« Quand il parle après un match, il n'est pas à chaud, dans sa tête il est à J + 3 semaines »
Emmanuel Biron, ex-sprinteur de l'équipe de France d'athlétisme
Au moins « JMA » a retrouvé sa casquette de chef de clan, tentant de réunir l'OL derrière lui contre le reste du monde, après plusieurs mois de forte division. Quelques jours avant la victoire face à la Juventus Turin (1-0, le 26 février) en huitièmes de finale aller de Ligue des champions, les Bad Gones écrivaient sur leur page Facebook : « Monsieur le président, arrêtez de balader les fidèles supporters que nous sommes, sortez le nez de vos résultats financiers et regardez l'exaspération qui monte en face. » Et pointaient les « vrais responsables : le staff, les joueurs et votre communication ! »
Depuis, Lyon a gagné des matches qui comptent contre Turin (1-0) et Saint-Étienne (2-0, le 1er mars). Les vents sont un peu plus porteurs. « Sa com, quand il attaque des gens qui n'ont pas de lien avec le club, me dérange moins, constate Jérémy Lopez, auteur d'une tribune remarquée il y a un an. Aulas prend beaucoup de place, oui, mais peut-être que ça prend du temps aussi (avant que Juninho, directeur sportif depuis cet été, maîtrise complètement son poste et l'environnement). »
« S'il le fait c'est que ça sert le club, je ne connais pas de plus fervent défenseur de l'OL que lui », tranche Thierry Braillard. L'OL a réenclenché un fonctionnement qui nourrit son succès depuis trente-trois ans, le président a renoncé à sa mise en retrait annoncée avec l'arrivée de Juninho, et Lyon a retrouvé ses répères. « De l'extérieur, c'est le sentiment que ça a pu donner, peut-être, mais ce n'est pas vraiment le cas, tempère Yann Cucherat. Il a confié la responsabilité sportive à une légende du club. Et de par sa position, il essaie de le mettre dans les bonnes dispositions. Je connais Juninho, on a discuté, et je sais qu'il n'est pas du tout contraint par les choix de Jean-Michel. Juninho n'est pas quelqu'un qu'on peut téléguider. »
« Tant qu'Aulas sera là, il sera le porte-parole du club, pense Emmanuel Biron. C'est un homme de première ligne. Parfois, il va à l'encontre de ce qu'on peut attendre ou imaginer. Lui, quand il parle après un match, il n'est pas à chaud, dans sa tête il est à J + 3 semaines ! Je pense qu'il prend trop de place, même s'il n'y a pas plus talentueux que lui dans son domaine. Mais je pense qu'il n'a pas encore trouvé celui qui peut l'accompagner pour exploiter au maximum le potentiel de l'équipe. » À 71 ans (il les a fêtés dimanche), Jean-Michel Aulas est plus que jamais nécessaire à l'OL, estiment la plupart des fans lyonnais, connus ou pas.
« En fait, il réfléchit toujours à comment avoir un temps d'avance »
Yann Cucherat, candidat LREM aux municipales
« Même s'il est trop bavard, il suffit de regarder ce qu'il a fait chez les hommes comme chez les femmes, rappelle Guillaume. Il fera encore beaucoup pour Lyon. »« Il n'est pas au bout de son truc », pense aussi Henry-Claude. L'érection du grand stade à Décines est le rappel frappant d'un président visionnaire et obstiné. Qui a encore plein de projets en tête : entre le rapprochement avec l'Asvel, le rachat d'une franchise de foot féminin aux États-Unis ou la construction d'une salle multifonctions au pied du Groupama Stadium, JMA fourmille d'axes de développement. « Sa vision est dans l'air du temps, dit Yann Cucherat. Il lui a fallu dix ans pour sortir son stade de terre. Car il avait compris seul, dès le début des années 2000, que pour être en autonomie, il fallait avoir son centre de formation et son stade. En fait, il réfléchit toujours à comment avoir un temps d'avance. »
« Le virage économique, ce n'est pas mon domaine, je vois ça avec des grands yeux ronds, reconnaît Jérémy Lopez. Se rapprocher du foot aux États-Unis, du basket... On crée un pôle, en fait, et sur ça je n'ai pas d'avis, ni bon ni mauvais. J'attends de voir. J'ai l'impression qu'on prend de l'avance sur ce que sera le sport dans le futur. Sur le business, je crois qu'on n'a pas trop de leçon à donner à Aulas. » Il semble ne pas être le seul à penser que ce président pas comme les autres reste le boss.
(1) JHE a déclaré : « Nous tenons notre Lider maximo, prêt à bondir sur un virus dévastateur pour occulter la saison difficile de son club en L 1. » JMA a rétorqué : « Heureusement pour toi et tes disciples que le ridicule tue moins que le Coronavirus ».
(2) L'OL a précisé via un communiqué que cela était « uniquement une hypothèse dans le cas précis où la saison de L1 ne pourrait pas aller à son terme ».
(3) Troisième au 1er tour avec 14,9 % des voix
L'Equipe
issu du journal
Malgré les polémiques, les Lyonnais soutiennent toujours Jean-Michel Aulas
Les dernières prises de position de Jean-Michel Aulas ont dérangé jusqu'au sein des supporters de l'OL. Mais ces derniers, personnalités lyonnaises ou anonymes, ne remettent pas en cause leur président : pour eux, il reste l'homme de la situation.
Le président lyonnais, Jean-Michel Aulas. (B. Papon/L'Équipe)
Régis Dupont et Hugo Guillemet 23 mars 2020 à 00h40
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Le président lyonnais ne s'arrête jamais, et ce n'est pas la mise sous cloche de la planète entière qui allait le stopper. Ces deux dernières semaines, Jean-Michel Aulas a meublé le vide des compétitions de quelques sorties abrasives. Il y a dix jours dans le Monde, il a notamment évoqué l'hypothèse de décréter une saison blanche si le Championnat actuel n'allait pas à son terme : « Le plus logique serait alors de dire on annule tout et on repart sur la situation du début de saison. » L'option aurait l'immense intérêt de qualifier l'actuel septième de Ligue 1 à la prochaine édition de la Ligue des champions.
La prise de position a dérangé jusque dans son propre camp. « Dans le fond je suis d'accord, car on ne peut pas arrêter le Championnat maintenant, ça n'aurait pas de valeur. C'est le timing qui est catastrophique, juge Jérémy Lopez, acteur et sociétaire de la Comédie-Française, né à Lyon. Même moi là, ça me gêne de parler de football parce qu'on est dans une période très grave, une période d'angoisse, de stress, on est tous un peu perdus. Après, si on analyse la solution qu'il a proposée, sortie du contexte, elle est logique. Car dans le cas où on devrait arrêter le Championnat, bah on l'annule, en fait. »
« Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai eu honte, mais je trouve ça déplacé par rapport à la période, ajoute Henry-Claude (51 ans), fervent supporter de l'OL. Ça l'est aussi par rapport à Marseille ou Rennes, qui méritent leur place, comme nous méritons la septième. »« On sait tous que ce qu'il dit est un peu absurde, qu'il a dit ça aussi parce que la saison sent le roussi », convient Guillaume, fan de 16 ans. La bataille de petites phrases avec le président de l'Olympique de Marseille, Jacques-Henri Eyraud, a enflammé la toile (1). Et si Jean-Michel Aulas a depuis pu préciser sa pensée (2), le constat d'un patron qui joue tous les ballons par tous les temps peut indisposer. « Mais il est dans son double rôle de président de club leader en France et de dirigeant important de la Ligue et de la Fédération, défend Thierry Braillard, l'ex-secrétaire d'État chargé des Sports (de 2014 à 2017). Il essaie de trouver une solution, et ce que ça engendre comme polémique, c'est autre chose. Il l'a rappelé : l'hypothèse de la saison blanche, c'est celle qu'on souhaite le moins, mais il faudra peut-être l'envisager. »
« Cette décla, c'est un choix raisonné et stratégique, estime le Lyonnais Emmanuel Biron, ex-sprinteur de l'équipe de France d'athlétisme, aujourd'hui coach sportif et fondateur d'Optiforme. Il n'est peut-être pas le seul à penser ça. Pour nous, les sportifs, il est très, très compliqué de continuer à s'entraîner dans de bonnes conditions actuellement, en tout cas celles que demande le haut niveau. Donc il peut soumettre cette hypothèse. »« Depuis que je suis gamin et fan de l'équipe, et depuis six ans en tant qu'adjoint aux sports à la mairie, j'ai remarqué que Jean-Michel Aulas a toujours tout fait dans l'intérêt de son club, confie l'ex-gymnaste de haut niveau Yann Cucherat, candidat LREM aux municipales (3). Il faut interpréter ses déclarations comme celles d'un chef qui défend son entreprise. Twitter, j'en ai déjà parlé avec lui, il l'utilise car il considère que c'est un contre-pouvoir vis-à-vis de la presse, un point d'équilibre. »
« Quand il parle après un match, il n'est pas à chaud, dans sa tête il est à J + 3 semaines »
Emmanuel Biron, ex-sprinteur de l'équipe de France d'athlétisme
Au moins « JMA » a retrouvé sa casquette de chef de clan, tentant de réunir l'OL derrière lui contre le reste du monde, après plusieurs mois de forte division. Quelques jours avant la victoire face à la Juventus Turin (1-0, le 26 février) en huitièmes de finale aller de Ligue des champions, les Bad Gones écrivaient sur leur page Facebook : « Monsieur le président, arrêtez de balader les fidèles supporters que nous sommes, sortez le nez de vos résultats financiers et regardez l'exaspération qui monte en face. » Et pointaient les « vrais responsables : le staff, les joueurs et votre communication ! »
Depuis, Lyon a gagné des matches qui comptent contre Turin (1-0) et Saint-Étienne (2-0, le 1er mars). Les vents sont un peu plus porteurs. « Sa com, quand il attaque des gens qui n'ont pas de lien avec le club, me dérange moins, constate Jérémy Lopez, auteur d'une tribune remarquée il y a un an. Aulas prend beaucoup de place, oui, mais peut-être que ça prend du temps aussi (avant que Juninho, directeur sportif depuis cet été, maîtrise complètement son poste et l'environnement). »
« S'il le fait c'est que ça sert le club, je ne connais pas de plus fervent défenseur de l'OL que lui », tranche Thierry Braillard. L'OL a réenclenché un fonctionnement qui nourrit son succès depuis trente-trois ans, le président a renoncé à sa mise en retrait annoncée avec l'arrivée de Juninho, et Lyon a retrouvé ses répères. « De l'extérieur, c'est le sentiment que ça a pu donner, peut-être, mais ce n'est pas vraiment le cas, tempère Yann Cucherat. Il a confié la responsabilité sportive à une légende du club. Et de par sa position, il essaie de le mettre dans les bonnes dispositions. Je connais Juninho, on a discuté, et je sais qu'il n'est pas du tout contraint par les choix de Jean-Michel. Juninho n'est pas quelqu'un qu'on peut téléguider. »
« Tant qu'Aulas sera là, il sera le porte-parole du club, pense Emmanuel Biron. C'est un homme de première ligne. Parfois, il va à l'encontre de ce qu'on peut attendre ou imaginer. Lui, quand il parle après un match, il n'est pas à chaud, dans sa tête il est à J + 3 semaines ! Je pense qu'il prend trop de place, même s'il n'y a pas plus talentueux que lui dans son domaine. Mais je pense qu'il n'a pas encore trouvé celui qui peut l'accompagner pour exploiter au maximum le potentiel de l'équipe. » À 71 ans (il les a fêtés dimanche), Jean-Michel Aulas est plus que jamais nécessaire à l'OL, estiment la plupart des fans lyonnais, connus ou pas.
« En fait, il réfléchit toujours à comment avoir un temps d'avance »
Yann Cucherat, candidat LREM aux municipales
« Même s'il est trop bavard, il suffit de regarder ce qu'il a fait chez les hommes comme chez les femmes, rappelle Guillaume. Il fera encore beaucoup pour Lyon. »« Il n'est pas au bout de son truc », pense aussi Henry-Claude. L'érection du grand stade à Décines est le rappel frappant d'un président visionnaire et obstiné. Qui a encore plein de projets en tête : entre le rapprochement avec l'Asvel, le rachat d'une franchise de foot féminin aux États-Unis ou la construction d'une salle multifonctions au pied du Groupama Stadium, JMA fourmille d'axes de développement. « Sa vision est dans l'air du temps, dit Yann Cucherat. Il lui a fallu dix ans pour sortir son stade de terre. Car il avait compris seul, dès le début des années 2000, que pour être en autonomie, il fallait avoir son centre de formation et son stade. En fait, il réfléchit toujours à comment avoir un temps d'avance. »
« Le virage économique, ce n'est pas mon domaine, je vois ça avec des grands yeux ronds, reconnaît Jérémy Lopez. Se rapprocher du foot aux États-Unis, du basket... On crée un pôle, en fait, et sur ça je n'ai pas d'avis, ni bon ni mauvais. J'attends de voir. J'ai l'impression qu'on prend de l'avance sur ce que sera le sport dans le futur. Sur le business, je crois qu'on n'a pas trop de leçon à donner à Aulas. » Il semble ne pas être le seul à penser que ce président pas comme les autres reste le boss.
(1) JHE a déclaré : « Nous tenons notre Lider maximo, prêt à bondir sur un virus dévastateur pour occulter la saison difficile de son club en L 1. » JMA a rétorqué : « Heureusement pour toi et tes disciples que le ridicule tue moins que le Coronavirus ».
(2) L'OL a précisé via un communiqué que cela était « uniquement une hypothèse dans le cas précis où la saison de L1 ne pourrait pas aller à son terme ».
(3) Troisième au 1er tour avec 14,9 % des voix
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